La peur, une amie de confiance
- Ludivine
- 17 avr. 2018
- 5 min de lecture

Ecrire un article sur la peur quelle folie, tant il y a dire sur cette émotion !
J'ai les chocottes : et si mon article étai trop long ou pas assez précis et si je ne disais pas tout ou pas comme il faut... Aïe je devrais peut-être ne rien écrire alors ?! Euh...
Non, j'ai un engagement envers vous dans le cadre du #DéfiHebdo sur ma page facebook et je n'ai déjà que trop tardé à écrire cet article. Alors, c'est parti, je dépasse ma peur !
La peur est une émotion d'anticipation. C'est à dire que nous avons peur de quelque chose qui ne s'est pas encore produit (et ne se produira peut-être jamais!). Nous avons peur d'une chose qui pourrait arriver (ou pas) dans un futur plus ou moins lointain/proche. La peur est subjective. Par exemple, moi j'ai peur de tous les sports de glisse. Tous ! Alors que vous, peut-être, vous adonnez-vous avec délice aux joies de la glisse sous toutes ses formes : ski, roller, patinage, etc ! Rien ne vous arrête là où moi je ne mets même pas mon petit orteil !
Que fait la peur pour nous ?
Elle nous informe d'un risque ou d'un danger. La peur est une amie qui nous veut du bien. Vous pouvez lui faire confiance. Elle veut nous avertir et nous protéger. Nous pouvons donc commencer par l'écouter. Qu'a-t-elle à nous dire, à nous apprendre sur nous, sur les autres et notre environnement ? Ensuite, c'est nous qu'on décide ! C'est pas elle !
Nous vivons très bien avec certaines de nos peurs. Je ne pratique aucun sport de glisse et ça va, merci ! Si par contre, je voulais me mettre au roller pour accompagner mon mari dans ses promenades autour de l'anneau de vitesse à Grenoble, je serais confrontée à ma peur. Il me faudrait alors choisir entre vivre avec la limite que me dicte ma peur ou affronter ma peur. (A l'époque, j'ai affronté ma peur. Mais pas de bol mes rollers étaient trop petits et après 5mn perchée sur mes roues, j'avais les pieds envahis de fourmis ! C'est trop bête !)
La peur nous envoie un message « attention danger». Le danger peut être réel ou imaginaire. Notre vie est peut-être réellement en danger. Notre sécurité est peut-être réellement en danger. Mais la peur est parfois mauvaise conseillère et nous mets en garde contre des dangers imaginaires (un monstre sous le lit par exemple).
Notre peur comme les autres émotions est un signal
Il s'agit donc de le prendre en compte. Si une alarme incendie sonne dans un lieu public, vous n'allez pas faire la sourde oreille et attendre que ça passe en espérant ne pas mourir dans l'incendie. Vous n'allez pas non plus éteindre l'alarme sans chercher à savoir si oui ou non il y a un feu.Vous allez vous rendre à la sortie de secours la plus proche et vous mettre à l'abri ou si vous êtes responsables de la sécurité vous allez appeler les secours. Quoiqu'il en soit, vous allez prendre en considération l'information que vous envoie l'alarme incendie et agir en conséquence.
Le problème c'est que bien souvent justement on ne cherche pas à écouter nos émotions et notamment notre peur. C'est comme si on roulait avec un voyant moteur rouge allumé... Pendant quelques kilomètres, ça va aller. Mais il va arriver un moment ou le moteur va serrer.
Moins on écoute notre peur, plus elle va parler fort, puis crier, puis hurler pour se faire entendre. Et on en arrive alors aux crises d'angoisse, de panique, à l'anxiété, aux phobies.
La peur n'évite pas le danger. Le pire peut se produire, c'est un fait. Vivre oblige à prendre des risques chaque jour. Et me rassurer moi-même ou être rassuré-e par d'autres en (me) disant « Ca va aller ! Tout va bien se passer ! Tu es parfait-e ! Ne t'inquiète pas !» ou en sur-préparant une prise de parole, un dossier ou un entretien d'embauche superimportant, tout cela n'aidera pas voire même aggravera le problème dans une quête sans fin de réassurance.
Mais alors que faire face à la peur ?
L'écouter comme je le disais plus haut. Elle veut vous protéger. Que pouvez-vous faire pour la prendre au sérieux ? Comment pouvez-vous vous préparer à faire face si ce que vous redoutez se produit ?
Se dire que oui ça peut arriver. Oui je pourrai tomber en faisant un sport de glisse et me péter la clavicule. Et alors ? Oui mon article pourrait être incomplet, imprécis, manquer de clarté. Et alors ?
Voyons un exemple concret et volontairement fort. Imaginons Mélissa, elle est allergique aux piqûres de guêpes. Une piqûre peut lui coûter la vie. Cette personne commence à avoir de plus en plus peur des guêpes. Elle devient apiphobe.. Elle sort de moins en moins et surtout évite les repas, les goûters, les piques niques en plein air pour ne pas avoir à partager un espace commun avec ses petits bêtes jaunes et piquantes. Elle s'installe en ville. Elle modifie aussi ses tenues vestimentaires pour couvrir sa peau. Elle ne monte que dans des voitures climatisée pour ne pas avoir à rouler fenêtres ouvertes. Toutes les tentatives de solution de cette personne reviennent à éviter cet insecte et une éventuelle piqûre pouvant provoquer sa mort par étouffement. Il y a une certaine logique à cela mais malheureusement ces conduites d'évitement l'amène à s'isoler socialement au moins une partie de l'année. Et cet isolement, cet enfermement loin de ses ami-e-s et des réjouissances estivales la font souffrir.

Comment faire pour sortir de ce piège ?
Etape 1 – Oui, il est possible que votre peur se réalise et que le pire se produise !
Dans le cas de Mélissa, oui il est possible qu'une guêpe la pique. Il est possible qu'elle étouffe. Il est possible qu'elle n'ait pas sa seringue pour administrer son antihistaminique. Il est possible que les secours n'arrivent pas à temps. Il est possible que le pire se produise et qu'elle décède.
Etape 2 – Et que feriez-vous alors ? Et que pouvez-vous dores et déjà faire ?
On ne va pas se mentir, le pire n'est jamais sûr ! Mais on est jamais sûr qu'il ne se produise pas ! Personne ne peut vous garantir que votre plus grande peur ne va pas se réaliser.
La question est : et alors ? Et alors que se passera-t-il ? Que ferez-vous ?
Et dès maintenant que pourriez-vous faire dans cette éventualité ?
Si vous pouvez agir concrètement dès aujourd'hui faites-le. Sinon imaginez-vous faire le nécessaire.
Voilà votre peur sait que vous l'avez écouté. Le signal du tableau de bord va pouvoir s’éteindre. Peut-être qu'il clignotera de temps à autre. Peut-être qu'il s'allumera en continu mais avec une intensité bien moindre.
Mélissa pourrait par exemple prendre des mesures concrètes qui lui permettront de vivre normalement et faire face en cas de piqûre. Elle pourrait avoir un seul sac à main avec sa seringue pour être certaine de ne pas l'oublier en changeant de sac vite fait un beau matin. Elle pourrait faire son testament au cas où. Elle pourrait prévenir les personnes avec qui elle déjeune en extérieur qu'elle est allergique et qu'en cas de piqûre, elle a une seringue dans son sac et qu'il faut agir vite.
Face à votre prochaine peur (même une peur moins invalidante que celle de Mélissa), vous avez maintenant une nouvelle approche à tenter.
Des lectures inspirantes :
Dépasser les limites de la peur, Giorgio Nardone
La peur, Thich Nhat Hanh
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