Les escaliers et bébé
- Ludivine
- 18 juil. 2018
- 5 min de lecture

On me pose souvent la question des escaliers en motricité libre. Doit-on laisser son enfant de X mois monter seul les escaliers ? Doit-on mettre des barrières pour empêcher bébé de monter ou descendre à sa guise ? Doit-on être derrière lui quand il monte ? Et pour descendre, doit-on lui montrer comment s'y prendre ou le laisser trouver seul sa/la technique ?
Entre 6 et 10 mois environ, votre bébé va faire du 4 pattes. Le 4 pattes est une étape importante du développement du bébé. En effet, le 4 pattes prépare à la marche à travers la coordination motrice droite/gauche.
Avec le 4 pattes, bébé peut se déplacer (plus loin qu'avec le dos-ventre-dos qui constituait ses premiers déplacements) et explorer son environnement... Et donc les escaliers ! Et les escaliers, comme le 4 pattes, vont lui permettre d'exercer sa coordination motrice.
C'est alors que les parents se demandent comment il faut réagir ? Comment il faut faire pour gérer cette avancée vers les sommets ?
Out les injonctions !
Alors, pour commencer je réponds aux parents, qu'il n'y a pas une seule bonne manière de faire. Et qu'il n'y a pas de « il faut » ou « je dois ».
Je connais des parents qui ont opté pour des barrières de sécurité en haut et en bas de l'escalier. D'autres parents qui ont opté pour une liberté d'accès totale aux escaliers en accompagnant leur petit systématiquement. D'autres encore qui, de loin, observent bébé dans l'escalier en toute confiance et sérénité.
Sécurité, prudence et confiance
Pour ma part, plusieurs expériences traumatiques avec des escaliers me conduisent à opter pour la sécurité, la prudence ET en même temps la confiance. Je m'explique point par point.
La sécurité :
Je ne veux pas laisser l'escalier en libre accès car je veux pouvoir quitter la pièce sans me soucier de savoir si mon enfant va monter l'escadrin (oui j'ai ouvert mon dictionnaire de synonyme aujourd'hui ! ;)).
Un des principes de la motricité libre est de sécuriser l'environnement afin de permettre à bébé d'explorer en toute sécurité. De mon point de vue, installer des barrières en haut et en bas des escaliers entre dans cette notion de sécurisation de l'environnement. Mais, si la configuration de votre logement le permet, il peut aussi s'agir de mettre une barrière à la porte du salon et non pas en bas de l'escalier. Ainsi, bébé dispose de tout le salon pour jouer. Et le portillon de sécurité qui lui barre le passage, n'attirera pas son attention spécifiquement sur cet escalier interdit.
C'est le choix que je fais pour la sécurité de mon enfant et pour ma tranquillité d'esprit. Ainsi, je sais que mon enfant ne pourra pas aller seul dans les escaliers pendant que je suis momentanément dans une autre pièce ou que je suis occupée à écrire un article de blog ;).
La prudence :
J'accompagne mon enfant dans l'escalier aussi bien à la montée qu'à la descente. Ça me rassure et c'est ce que je lui explique. Car, oui, les parents ont des émotions. Si laisser seul notre enfant dans l'escalier nous fait peur, faire semblant que tout est ok pour nous ou vouloir cacher notre inquiétude ne marchera pas. Notre enfant ne sera pas dupe, il se rendra compte que nous ne sommes pas authentiques dans cette situation. Et ceci risque de brouiller le message que nous lui adressons : "papa et maman ont-ils peur ou n'ont-ils pas confiance dans mes capacités à faire ceci ?"
La confiance :
Je l'accompagne à distance raisonnable en lui expliquant que les escaliers me font peurs et que je préfère rester près de lui. Eventuellement, je vais aussi commenter ce qu'il fait concrètement et remarquer qu'il a réussi, qu'il sait très bien faire, qu'il a l'air satisfait et fier de lui. Si mon enfant veut descendre l'escalier à 4 pattes mais de face alors je lui montrerai comment se retourner pour descendre en marche arrière soit les pieds en premiers et non les mains et la tête. Je ne lui dis pas ni explicitement, ni implicitement qu'il n'est pas capable. En effet, n'étant pas doté de don de voyance, je ne peux pas prédire l'avenir. Par contre, je sais qu'avec une phrase comme « Attention, tu vas tomber ! » on sème le doute sur ses capacités dans l'esprit de l'enfant comme l'illustre très bien le dessin de Bougribouillons.
S'exercer librement
Vous pouvez lui créer ou acheter dans des boutiques spécialisées un agrès de 2 ou 3 marches qui lui permettront de s'exercer à monter et descendre. Vous pourrez aussi le laisser s'exercer librement dans une aire de jeux adaptée à son âge qui lui donneront l'occasion de monter de petits escaliers et de petites échelles sans danger.
Prendre des risques
Sans danger ne signifie pas sans risque. Bien sûr que même dans une aire de jeux de son âge, votre enfant va prendre des risques. Peut-être qu'il tombera et se fera un peu mal. La vie est risquée. Sécuriser l'environnement de bébé consiste à supprimer les dangers (prises électriques, produits ménagers par exemple) et à le laisser explorer librement son environnement et donc à prendre quelques risques mesurés.
Ces risques sont anticipés par les parents qui adaptent l'environnement pour qu'il ne soit pas dangereux. L'enfant observe et évalue la situation (ce que l'on voit bien dans la vidéo ci-dessous à 4'47 avec le petit qui cherche à évaluer la distance qui le sépare du sol à l'aide son regard, de ses mains et de ses pieds) et ce qu'il est capable de faire.
Les escaliers représentent un danger potentiel. On peut laisser l'enfant les emprunter par lui-même et donc prendre un risque tout en l'accompagnant (sans le toucher, sans mettre une main stressée et anxieuse sous ses fesses, sans lui dire « attention » toutes les 3 marches) pour éviter une chute. Quand, par exemple, il s'agit d'un petit toboggan de quelques marches (donc d'une hauteur bien moindre qu'un escalier), on peut tranquillement s'asseoir sur un banc et observer en toute quiétude notre enfant prendre un risque qu'il se sent capable de prendre. Et en cas de chute, nous pourrons le prendre dans nos bras et mettre des mots sur ce qu'il ressent et sur ce qu'il s'est passé. Je vous invite à regarder cette vidéo à 4 mn 47 puis à 11 mn 38 où l'on voit des bébés prendre de la hauteur sur des modules prévus à cet effet au sein de la Bougeothèque de Lambersart sous le regard de leurs parents et des accueillantes du lieu.
Voici donc mon point de vue sur les escaliers. Ma manière de les aborder repose sur 3 clés : sécurité, prudence et confiance. D'autres parents abordent les escadrins d'une façon beaucoup plus légère et d'autres d'une façon plus sécuritaire. C'est à chaque parent de définir ce qui lui semble le plus juste pour son enfant et sa famille et d'oser parfois prendre des libertés avec les approches et méthodes aussi formidables soient-elles.
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NB : cet article est au masculin car je parle de bébé et d'enfant. Bien entendu, tout ce qui est écrit dans cet article concerne les filles et les garçons sans distinction.
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