La petite femelle de Philippe Jaenada

En janvier, lors d'un #MercrediJournéeFéministe, je vous partageais mon émotion à la découverte de la vie de Pauline Dubuisson (émission Affaires sensibles, France inter, décembre 2017).

Pauline Dubuisson, cette femme qui fut tondue sur la place publique (peut-être violée ? Philippe Jaenada n'en est pas certain. Il laisse la question ouverte.). Cette femme qui fut ainsi humiliée, comme tant d'autres, par "des résistants de la dernière demi-heure" comme l'écrit Philippe Jaenada afin de lui (de leur) rappeler qui est le chef et qui a le pouvoir. Cette femme qui a tué de sang-froid dit-on, son amant, un fils de bonne famille. Cette femme que la presse a condamné, qui fut soumise à la vindicte populaire et dont la justice a bâclé un procès à charge.

Haine. Mensonges. Lynchage. Pauline Dubuisson ne pouvait pas en sortir indemne. Femme libre et libérée, dans la société misogyne des années d'après guerre, elle paiera toute sa courte vie (elle se suicide à 36 ans) son audace et son assurance.

Et faisant les courses, curieusement (!) je me suis égarée au rayon librairie. Peut-être trouverai-je un chouette Foenkinos, un Ledig ou un roman d'un de mes autres auteurs ou autrices favori-e-s, dont je pourrais me délecter le soir dans le silence de la maisonnée. Et, c'est sur le roman de Philippe Jaenada, paru en 2004, La petite femelle, que je suis tombée ! Ce roman qui attendait patiemment dans mon panier virtuel d'une librairie en ligne, que je procède à son acquisition. Oui celui-là même devant moi ! Il ne resta pas longtemps devant moi. Entre mes mains puis délicatement déposé dans mon chariot, je m'enthousiasmais d'en débuter la lecture dès le soir venu.

Je lis avec passion ce roman biographique. Philippe Jaenada est le premier -à ma connaissance- à ne pas s'engouffrer sur le chemin tout tracé des jugements, de la morale bien-pensante, à ne pas céder à la facilité. Philippe Jaenada a enquêté avec minutie pour comprendre Pauline Dubuisson, pour aller à sa rencontre par delà les années et par delà la mort. Il déconstruit articles après articles, témoignages après témoignages, déposition après dépositions, livres après livres tout ce qui a fait d'elle un monstre, une femme calculatrice, perverse et insensible.

Il nous livre un roman passionnant et drôle au détour de ses innombrables digressions de la saucisse à l'hystérie féminine, en passant par des anecdotes sur la vie de sa femme Anne-Catherine ou encore de son excursion épique à l’hôpital un soir d'ivresse !

A lire, je vous dis ! ;)