2 ans. Terrible two. Période d'opposition. Vraiment ?
- Ludivine
- 23 janv. 2018
- 3 min de lecture

Vers 18 mois ou 2 ans, l'enfant gagne en autonomie et en indépendance. Il souhaite alors prendre une part active aux différentes actions à mener au cours de la journée. Ainsi, il veut mettre son manteau lui-même. Il veut aussi avoir un chiffon pour frotter le miroir. Il enlève sa couche avec parfois des conséquences pas très glamour pour le canapé. Il veut se servir seul à table. Ou encore trouver les moyens adéquats pour se servir un bon bol de farine dans le placard et le savourer assis par terre.
Encore aujourd'hui, en France, les professionnels de la petite enfance nomment cela la période d'opposition. L'enfant s'opposerait à son parent afin de le tester et de tester ses limites, et pour construire sa propre identité.
Aux Etats-Unis, on appelle cela le terrible two ! Aïe, ça fait un peu peur quand même. Quel cataclysme va venir ravager notre doux foyer ?
Qui s'oppose à qui ?
Depuis sa naissance, nous avons pris toutes les décisions le concernant et nous avons fait les choses à sa place car il ne pouvait pas faire lui-même. C'était parfois fatigant mais c'était aussi valorisant. Et le voilà, ce petit enfant d'environs 18 mois qui nous fait savoir que désormais il est capable. Il vous dit, à sa façon « Je peux faire. Et si je ne peux pas, je veux au moins essayer. Et à force d'essayer, je pourrai. Et parfois, j'essaierai et je vous demanderai de l'aide en voyant que je n'y arrive pas. ».
Pour nous parents, cela nécessite de déployer notre talent d'observateur afin de savoir quand intervenir, quand rester vigilant mais non-interventionniste, quand proposer notre aide, quand nous taire et attendre que notre enfant nous sollicite ou pas. Observer pour rester en lien avec mon enfant et l'expérience qu'il est en train de faire à cet instant même. Rester connecté au présent de notre enfant nous permet d'être le plus juste possible dans notre manière d'être en relation avec lui et d'agir ici et maintenant.
Notre patience va aussi se trouver fort solliciter. Car, nous avons désormais à nous effacer, à laisser place à notre enfant pour agir par lui-même, à patienter et à anticiper (accepter par exemple de laisser son enfant s'habiller seul le matin alors qu'il faut partir au travail oblige à quelques aménagements horaires).
Imaginez le feu d'artifice qui se joue dans son cerveau à cet instant-là. Imaginez tout ce qu'il est en train d'apprendre, d'exercer pour réaliser cette action. Penser à tous ses neurones et toutes ses connexions (synapses) qui se construisent. Parfois, penser aux apprentissages et aux compétences que notre enfant est en train d'acquérir, nous aide à faire preuve de patience. Et à nous réjouir de perdre notre temps ;)
Alors qui s'oppose à qui ? Nous, adultes, parents, disons « non ». Non par facilité, par souci d'efficacité, pour aller vite. Nous ne laissons que peu de temps et de place à notre enfant pour faire à son rythme et ainsi vivre son autonomie et gagner en indépendance.
Un enfant, ça prends plus de temps à accompagner que cuire des œufs durs !
Bien sûr ce n'est pas toujours possible d'attendre, de patienter. Parfois on est charrette et il faut faire vite. C'est comme ça. C'est vrai que notre monde ne tourne pas au rythme des enfants. Et dans ce cas, il suffit de l'exprimer clairement à notre enfant « Ce matin, je suis en retard. Je n'ai pas le temps de te laisser enfiler tes chaussures et ta veste seul. Viens, je vais t'habiller. ». Votre enfant ne sautera certainement pas de joie. Mais si ce n'est pas chaque jour ainsi, il pourra tout à fait faire avec cette fois-ci.
Voulons-nous une relation de pouvoir ou une relation équidigne ?
La réponse à cette question va déterminer notre manière d'accueillir les demandes d'autonomie et d'indépendance en face desquelles nous mets notre enfant. C'est notre manière d'accueillir cela qui va faire de cette période, une période de tension ou une période de transition. Ce sont nous, parents, et les autres adultes qui accompagnent les enfants (professionnels, grands-parents, oncles et tantes,...), qui allons créer une lutte de pouvoir ou une relation empreinte d'équidignité.
Certains disent que cette période est un avant-goût de l'adolescence, une sorte de répétition générale. Alors, si c'est le cas, quand votre enfant sera adolescent, pensez à vous demander qui s'oppose à qui et quel type de relation vous souhaitez offrir à votre enfant devenu adolescent.
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